« Renouer avec l’expérience émotionnelle de l’espace ouvert, propulsant le corps au centre d’un dispositif sculptural naturel et vécu, prend l’ampleur d’une révolution copernicienne. Un tel repositionnement ne va pas de soi puisque la confrontation avec l’espace collectif comporte un ensemble de normes et de règles, à respecter ou négocier, qui relancent le vieux conflit entre artiste et pouvoir. Par ailleurs de nouvelles parties prenantes de l’art public ont entretemps émergé: fondations, associations, habitants, usagers, collectifs, activistes, qui défendent des points de vue souvent contradictoires. Si l’idée de nature dans l’art contemporain constitue un lieu commun, le lieu de leur cohabitation est plus que jamais parsemé d’écueils, tant les référents sont composites. Les débats sur ce thème ont néanmoins permis aux collectivités de se doter d’outils, respectant à la fois les contraintes du travail artistique et celles de l’administration publique. Dans cette dynamique l’objet tridimentionnel in situ se requalifie progressivement, car au-delà des clivages art public et privé, des manœuvres de récupérations politiques, économiques ou médiatiques, s’est concrétisée l’idée de proposer aux artistes et au public, des espaces d’exploration, de découverte et d’expérimentation dans lesquels le site n’est plus considéré comme un cadre ou un réceptacle, mais comme un lieu de travail et de création, un atelier ou une exposition à ciel ouvert, déclinant à la fois les signes de la modernité et un ardent désir de présence au monde. » (« De la sculpture à ciel ouvert », Extrait du catalogue, Editions Till Schaap, 2017)