L’univers poétique de Zivo est peuplé de figures frêles et mouvantes, dotées d’une épaisseur allégoriques et souvent teintées d’une veine de grotesque. Humains, végétaux, animaux ou objets du quotidien évoluent dans des espaces atemporels, suggérant une forme de vision onirique de l’errance et du nomadisme ou, comme le souligne Achile Bonito Oliva à propos de la trans-avant-garde italienne, d’une « mentalité nomade et transitoire ». Le primitivisme des formes et des signes s’allie à une abstraction conceptuelle revendiquant maintes références à l’actualité, mais revisitée à travers le prisme de la subjectivité et des sensations de l’artiste. Oiseaux, ânes, chiens, papillons, arbres, fleurs et peuple d’homoncules, flottent de fantasmes en perpétuelles dérives, à la quête d’une pierre philosophale ou d’achoppement, prélude au devenir de l’homme spirituel, intérieur et complet. Saint François d’Assise dans ses Cantiques, transposés dans les fresques de Giotto, appelait son propre corps physique « Frère âne », Zivo affirme pour sa part une théologie personnelle lorsqu’il se réfère aux animaux, frères et sœurs de l’humanité. Revenons au grotesque, dans le sens du vocable renvoyant aux grottes et murs. A cet égard, les œuvres de Zivo, par les médiums et techniques qu’il utilise (pigments purs, cire, terre, cendre, gesso, fusain, encres, grattage, lettrisme), prolonge une tradition qui relève à la fois de l’espace mural et épigraphique, à la croisée des chemins entre écriture et iconique visuelle ; une manière, aujourd’hui, d’aller en-deçà et au-delà de la peinture.
Françoise-Hélène Brou
Genève, le 3 août 2011