A la Fondation Arnaud de Lens : Maurice Zermatten et ses affinités picturales
Parallèlement à sa production littéraire, Maurice Zermatten (1910-2001) a tissé de profonds liens d’amitié avec plusieurs peintres dont il admirait le talent et auxquels il a consacré des livres d’art. Ce printemps, la Fondation Pierre Arnaud en collaboration avec la Fondation Maurice Zermatten propose une exposition consacrée à l’écrivain valaisan, dont le but est de mettre en valeur une partie moins connue de son œuvre.
L’exposition présente cinquante tableaux de onze peintres issus de l’ancienne collection Zermatten. En complément à la présentation on trouve également une partie consacrée à Zermatten intime, comprenant le bureau de l’écrivain et une série de photographies. Enfin le dernier volet de l’exposition est consacré à une présentation d’oeuvres d’artistes contemporains (Leah Anderson, Rima Ayache, Patrice Collaud, Gabriella Disler, Thierry Feuz, Robert Ireland, Jérôme Leuba et Alexia Turlin) inspirées de deux romans de Zermattent L’esprit des tempêtes et L’homme aux herbes. Leurs interventions investissent divers lieux du Centre d’art: des espaces d’exposition en passant par la toiture et la façade du bâtiment, faisant résonner les correspondances entre arts littéraire et visuel.
Les conceptions esthétiques de Maurice Zermatten sont empreintes de rigidités conservatrices, forgées sans doute par son enracinement dans le Vieux Pays valaisan où traditions, contes, légendes et religion ont longtemps rythmé la vie du peuple des montagnes. Ajoutons que Zermatten fut un lecteur admiratif des grands écrivains catholiques tels que Maurice Barrès ou Paul Claudel et que son modèle littéraire était François Mauriac. Il n’aime pas les historiens d’art, l’intellectualisme, les grandes théories modernistes, l’affectation et l’élitisme des salons. Cependant tout en étant l’héritier de ces traditions montagnardes, l’écrivain a cependant élargi son horizon pour rejoindre des questionnements universels.
Dans la préface des peintres du Valais (1979), il explique son amour de l’art pictural :
« cette part d’amour qu’il faut pour voir qu’un objet qui est au premier regard qu’un morceau de toile dans un cadre mais qui nous propose une certaine image du monde, des couleurs assemblées dans un ordre mystérieux qu’il faut déchiffrer. L’amour permet ce déchiffrage. L’objet se met à vivre. Son charme opère. Un être humain parle par son entremise… ». Loin des théories révolutionnaires et de tous les « isme », son approche est sensualiste et sensible, ainsi s’émerveille-t-il devant les œuvres de Charles Menge, Albert Chavaz, Edouard Vallet, Gérard de Palézieux, Georges Borgeaud, Théodore Stravinsky, Paul Monnier, Hans Herni. Il se passionne même pour les œuvres abstraites de Fernand Dubuis sans pour autant épouser les idées des écoles et courants avant-gardistes. Critique d’art et collectionneur pasionné, l’exposition donne à voir l’univers visuel de l’écrivain qui demeure incontournable dans l’histoire culturelle et littéraire du Valais.
Maurice Zermatten, aux sources de l’inspiration, du 29 avril au 10 juillet 2016.
Fondation Pierre Arnaud, Lens
Horaires : me-di 10h à 18h. Fermeture lundi et mardi
Contact : +41(0)27 483 46 11 / www.fondationpierrearnaud.ch